dimanche 20 avril 2008

Trouver un travail au Bangladesh, une histoire de contacts

Chers lecteurs, je me suis beaucoup consacré, ces derniers temps, à la recherche d’un emploi à Dhaka.

Comme je vous l’ai expliqué précédemment, je suis dans la poche de la chambre de commerce et d’industrie franco Bangladaise, notamment grâce à l’éminent Julien Richard, jeune et méritant ressortissant Français en stage dans cet institut. Celui-ci m’a notamment remis le carnet d’adresse des entreprises, Françaises ou locales, qui sont inscrites à la chambre de commerce (donc, qui ont certaines affinités avec la France, vous me suivez ? Remarquez, jusqu’à maintenant, c’est facile).

J’envoie alors illico presto ma candidature en un mailing peaufiné à chacune de ces entreprises. Le coup fait mouche. Deux heures après, Remex, société d’import-export divers m’appelle et me convoque. Vêtu de ma plus belle chemise et de mon sourire désarmant, je me rends sans plus tarder sur les lieux du crime.

J’y rencontre le fils du boss, qui lui-même est boss. L’entretien est rapide, je me présente rapidement et décline mes motivations, il me parle de sa boîte, qui importe surtout des produits français (notamment, lailac, de danone, pour vous mesdames, parcequ’il est des cas pour lesquels votre nourisson ne peux rester suspendu quand il a faim)

Il a comme une sorte d’intuition de prémice de projet pour moi sur lailac, il s’agirait que j’aille le vendre auprès des médecins afin qu’ils le prescrivent… Un bon retour du marché sur ce produit… Je repars dubitatif.

Le surlendemain, je retourne aux locaux de Remex, pour cette fois, rencontrer le père… Dans sa branche, c’est plutôt les produits chimiques, et à ce qu’il paraît ça marche d’enfer.
Après les présentations d’usage, il me parle d’un de ses associés dans le textile (toujours) qui est patron d’une usine de sweaters… Sans plus attendre, il met même à ma disposition un espace intérieur cuir et un chauffeur qui m’emmène chez le cher homme.

J’arrive dans un immeuble (pas très propre), et monte aux locaux de Best wool sweaters. Le moins qu’on puisse dire, c’est que ça paye pas de mine. J’arrive dans un bureau : une table, des chaises, une petite télé derrière, un téléphone et au fond à gauche, un tapis roulant (mais si, vous savez, un tapis roulant, là, pour courir dessus), et sur le tapis roulant, un type (qui en fait de courir, marche), et puis d’autres types dans le bureau qui ont l’air de se tenir à carreau. Le marcheur est bien l’homme que je devais rencontrer. Il me fait asseoir, m’amène un café des clopes, des quartiers de mandarine. Nous échangeons quelques mots pendant qu’il finit son heure de marche (des problèmes de sucre apparemment). Il a fini… Nous discutons rapidement. Sans regarder mon CV, il lit ma lettre. Business school, bien… El paso aux Etats-Unis, il connaît… En fait, lui, il a besoin d’un type qui aimerait son entreprise comme si c’était la sienne. Il y a des clients… Français, allemands, espagnols aussi… Des capacités de production supplémentaires… Un business en or, qui peux t’amener à voyager après dans le monde entier… Un stage, ou j’apprendrai les rudiments du sweater, la dure vie de l’ouvrier… Et puis après au sein du département merchandising… Et puis après lui et moi, on parlerait salaire, une fois que j’aurais prouvé que j’en ai dans le calfouet…

J’approuve. C’est fini, on part à l’usine ? Ok. Un passage aux chiottes, il change de chemise, enfile des nike toutes nazes, et prend un flingue dans son tiroir qu’il glisse avec un sourire dans son pantalon… C’est parti. Voiture, chauffeur, direction la zone industrielle de Gazipur, le quartier industriel de Dhaka, ou Alice a aussi son usine.

60 kilomètres qu’on parcourt en moyenne en 1h30. Inutile de dire qu’ici, la conduite sur route, c’est n’importe quoi de truc de malade que maman en aurait fait une apoplexie au bout de 5 minutes. On roule à droite, mais on peut doubler de tous les côtés, la signalisation est inexistante, il y a des vélos, des chèvres, des bébés, des mecs en sueur qui poussent des charrettes, d’autres qui leur vomissent dessus depuis les bus (très fréquent), des camions qui font n’importe quoi ; on peut très bien se mettre sur trois files si ça passe, et puis on peut se rabattre au dernier moment lors d’un doublement, ça pose pas de problème non plus… Enfin… Nous voilà, on arrive, on tourne à gauche, un chemin très cahoteux en terre, et on arrive à l’usine. La première, en construction. Puis la deuxième, l’ancienne. 1400 personnes, travail d’ouvrier assez basique… Pas très propre, mais ils ont l’air de faire du bon boulot. On me met à un machine à filer, j’y comprend rien mais je fais comme ci. Tout le monde ne parle pas anglais ici, bien sûr. Je rencontre tout un tas de gens, on me fait faire le tour de l’usine… Alors, tu viens samedi ? avec lui, ok ? Et puis après, tu te démerdes, on trouvera une solution. Pourquoi pas prendre le mini bus avec ta femme ?

On repart tard, trop tard. La pauvre Alice n’a pas les clés et m’attend depuis une heure devant la porte.
Le lendemain, jour férié, nous sommes invités à la maison de campagne. On passe par l’usine, bien sûr, où il faut poireauter 3 heures, assister à des conversations qu’on ne comprend pas, attendre le bon vouloir de l’autre… On part enfin.

Sur le trajet, on se rend compte que le Bangladesh est pays magnifique, des villages, des couleurs incroyables, du monde ! Même dans les villages, il y a foule… On arrive tard à la maison… Nous sommes saisis par l’odeur de la campagne, faisons le tour d’un étang, il y a des vergers, litchis, mangues… On boit des bières, on dîne, nous sommes sous le charme.
Le chauffeur nous ramène à Gulshan, il est dix heures trente.

Mon avis et celui d’Alice sont mitigés. Il y a beaucoup à apprendre, c’est sûr, mais un stage ? J’aurais du lui dire plus clairement dés le début que j’avais d’autres pistes et refuser de commencer tout de suite… D’un autre côté, l’accueil à la campagne donne le change… C’est décidé, j’irai à l’usine au moins pour le début, et je lui dit que j’ai d’autres rendez vous,et que je lui ferai part de toute proposition que je recevrais.

Le lendemain matin, on doit venir me cherche pour aller à l’usine.

1 commentaire:

  1. Max, c'est un bonheur de te lire, c'est bien mieux qu'un roman : on imagine les paysages, les odeurs et les couleurs mais on connait la tête des héros!

    Tu peux pas nous lasser sur notre faim comme ça, qu'est ce qui lui arrive à Max une fois qu'il a décidé de continuer son stage? Pour notre information personnelle, le port d'arme est une pratique courante à Dakha ou le boss sportif de salle est un malade?

    Méfie toi quand même, parce qu'il n'est pas question pour nous qu'il leur arrive quelque chose à ces héros là!

    Continue de donner des nouvelles et de nous apporter de l'exotisme, c'est toujours un plaisir de vous imaginer et de suivre vos aventures...

    On vous embrasse très frt tous les deux

    Louise et François

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Maxal Bangladesh ltd