jeudi 19 novembre 2009

Le jazz au Bangladesh

Jouer la marseillaise à l'école !
Voilà à quoi j'en suis réduit.
La foule est en délire...




lundi 16 novembre 2009

Brouhaha à Dhaka

Pour voir les photos en grand, cliquez sur le diaporama qui s'affiche sur la droite.


Voyage au Bangladesh.

Du 24 Octobre au 2 Novembre 2009

Jean-Marie et Vianneyte Roux
Avertissement avant de lire. Les personnages de ce récit, Jack et Irina sont les héros des aventures décrites par Maxime sur son blog « Bangladesh insiders ». En fait ce sont des pseudonymes de Maxime et Alice.


Nous avons découvert le repaire de Jack et Irina!

Au cœur de Dhaka, la capitale du Bangladesh, ils se sont créé un "chez eux" chaleureux et accueillant. Il y fait bon vivre et se reposer entre deux aventures, ou bien après des journées harassantes, ruisselantes, débordantes, bruyantes, grouillantes comme à Dhaka.

Cet endroit se trouve, vous le comprendrez aisément connaissant leur goût pour l'aventure, non loin de l'aéroport et dans un quartier agréable, Gulshan. Vous trouverez leur appartement au fond d’une ruelle étroite, perpendiculaire, à une des larges artères encombrées de la ville. Y circule incessamment un flot de véhicules frayant leur passage à coups de klaxon difficiles à supporter. Imaginez le bruit tout au long de la journée !

Ces avenues sont bordées de poteaux dont les fils électriques entremêlés tels des nœuds de fils de pêche que l'on a tous essayé de démêler un jour…. sont les reflets de la situation de l'électricité au Bangladesh. Un réseau où la perte en ligne est considérable et dont 40% de la consommation n'est pas payée. Régulièrement dans la journée, l’électricité saute et s’arrête pendant une heure.

Quand on arrive à Dhaka, les contrastes sautent aux yeux.
Le premier dans ce pays musulman, fut de rencontrer une longue file de pèlerins, en partance, pour leur terre sainte, et se suivant un à un, formant une longue procession blanche, toute blanche. Comme dans le reportage de Jack sur les petits chapeaux blancs, vous vous souvenez?

Puis nous avons été confrontés à l'administration bangla pour obtenir nos visas landing permit. Long. Très long. Avec tentative de corruption (le Bangladesh est le pays le plus corrompu au monde) : L’employé nous a reçus dans un tout petit bureau, avec des "asseyez-vous, je reviens"…"it will be quick and easy" le tout en anglais.
Troisième contraste : la langue. L'anglais utilisé dans l’administration, n'est cependant pas la langue parlée par les gens dans la rue. Ni au bureau entre Bangladais. Jack et Irina, se sont donc mis à apprendre la langue populaire. Ils la comprennent bien et la parlent assez pour se faire comprendre et respecter.
Il est grand temps que nous vous donnions des nouvelles de nos chers héros: A l'aéroport, Jack patientait. Irina nous a rejoints. Au-delà de l'émotion, les retrouvailles, furent empreintes d'un sentiment de fierté et de succès de nous retrouver ensemble sur cette terre si lointaine. Quel bonheur! Ils vont bien, ils sont très à l'aise dans ce pays, s'étant tout à fait adaptés à leur nouvel environnement. En un mot, ils sont chez eux. Irina nous avouera cependant être fatiguée, par la charge de travail, même si elle aime beaucoup son job, et par les trois heures de voiture par jour pour se rendre au bureau. Les déplacements en voiture sont éprouvants car la circulation est dantesque.
Quatrième contraste, le climat. Chaud et humide. Et donc une végétation luxuriante, abondante, verdoyante, arborescente : caoutchouc, bambous, palmiers, lauriers. Pourtant c'est une saison agréable ici: finies les pluies de la mousson, et la température étouffante liée à l'humidité maximum. 33°C est une température douce pour cette ville.

D'ailleurs, à l'heure où nous vous écrivons, nous sommes confortablement installés dans le salon, toutes fenêtres ouvertes, une bise nous rafraîchit, mais nous subissons le concert de klaxons dont tout le monde bénéficie. Si nous voulons nous en dispenser, il existe plusieurs solutions:

Un, demander à Jack de jouer de la clarinette, quel virtuose! Même si vous ne lui demandez pas d'ailleurs, car il en joue tous les jours, la passion toujours chevillée au corps.
Deux, actionner le ventilateur du plafond. Il est très efficace et indispensable pour supporter la chaleur.
Trois, mettre de la musique, émise par la chaîne dont les baffles mesurent un mètre cinquante de haut. Mais à coup sûr vous aurez du jazz !!!

Autre contraste, le niveau de vie. Et surtout la pauvreté, l'extrême pauvreté, voyante, hurlante, criante, débordante, qui concerne 50% de la population. Par pudeur, nous ne la décrirons pas. Mais nous exprimerons cette prière empruntée à un évêque africain:

Que ton règne vienne,

Dans la diversité des peuples et des cultures.

Un règne de justice, de pardon et de paix.

Ecoute la clameur des hommes au long des siècles

Et sur tous les continents.

Nous rêvons d'une terre

Sans mal, sans haine,

Ni violence, ni faim,

Sans racisme, sans exclusion, sans frontières.

Que ton règne vienne.

Ils se sont créé un "chez eux" chaleureux et accueillant.

Imaginez un intérieur simple et sobre. Murs blancs, tons chauds. Des meubles en bois foncé provenant pour la plupart des bateaux désossés qui atterrissent sur la plus grande plage du monde, à Cox’s Bazar au Bangladesh. Des tapis recouvrant partiellement le sol carrelé. Un salon sur deux niveaux tout en longueur se poursuivant par une terrasse donnant sur le lac poissonneux entouré de grands arbres et peuplé d'oiseaux. Sur le pont, le flot de grosses voitures, de cars, de rickshaw, peinant, suant, soufflant, de camionnettes, de camions, de motos, vélos, de baby taxis … et autres véhicules difficilement définissables, notamment à trois roues, continuent leur ballet assourdissant, bruyant, incessant. A côté des gens marchent… hommes portant longues jupes et femmes portant pantalons, saris et voiles aux couleurs chatoyantes, bleu turquoise, rose fuchsia, vert pomme. C'est très beau!

Que mangent-ils, nos héros, nous demanderez-vous? C'est peut-être là la raison de leur dynamisme et de leur énergie? Ils consomment sans modération et comme base de leur alimentation: noix de coco, lait de coco, chair de coco dure ou molle, ça dépend de l'espèce, et pamplemousse… mais pas les petits que l'on trouve en France, du thé et des soupes pimentées. Tout est pimenté !

Nous avons été plongés dans la culture bangladaise en arrivant à l'occasion du mariage du fils du directeur de l'usine d'Irina. C'était le troisième jour du mariage. Jour que l'on appellera le mariage public. Il se déroulait au palais des congrès de Dakha. Très grand bâtiment pour accueillir 8000 personnes ce soir-là et décoré par des milliers de fleurs multicolores. Les parents (les hommes) accueillaient les invités à la porte: premiers serrements de mains. Les mariés étaient "exposés" sur l'estrade de la salle de conférence et posaient pour des photos avec tout le monde et n'importe qui…comme nous. Tout de suite Jack et Irina ont été coachés par l'équipe d'Irina, ceux avec qui elle travaille tous les jours. Des hommes jeunes, très prévenants qui nous prennent en charge pour le dîner, au deuxième service d'une des trois salles de réception. Cela pourrait évoquer le repas biblique où tout le monde est invité à la table du maître. Même les étrangers ramassés aux croisés des chemins.

Nous avons pu découvrir les mœurs locales en matière de tenue à table et de menu. Pas très ragoûtant. Une nappe salle… pas étonnant, je vous parlais de deuxième service et j'ajouterai que les détritus sont posés directement sur la nappe et vous comprendrez! On mange… avec les doigts…couteaux, ils ne connaissent pas. Nous avons dégusté du poulet (un par personne … on était 8000!) très spicy, du bœuf, de l'agneau, des crevettes, avec du riz (bien sûr…heureusement il adoucit les épices!), de la purée de lentilles, le fameux Dal quotidien, et comme dessert des boules sucrées, et du yaourt cuisiné. La boisson étant du lait parfumé. C'était bon et très copieux, mais le décalage horaire et le dépaysement ne nous engageaient pas à trop manger.

Au cours de cette première journée de récupération de notre voyage, nous apprécions nous poser dans leur "chez eux" et découvrir leur quotidien.

Rénou brique l'intérieur, ménage, lessive, cuisine. Nous offre du jus d'orange délicieux. Est à nos petits soins tout en restant très discrète. Elle demeure désormais chez Jack et Irina.

Outre le bruit de la rue, nous sommes étonnés du bruit du ciel, les avions n'épargnant par les habitants du centre ville de leur vrombissement fracassant, il faut vous dire qu'une base aérienne militaire se trouve au milieu de Dakha et l'aéroport est tout proche.

Tout proche aussi, on peut y aller à pied par une charmante promenade le long du lac, le German Club. Au rendez-vous: piscine et tennis et bar pour rencontrer d'autres expatriés. N'imaginez pas le style hôtel de luxe aux vastes espaces et aux décors de rêve mais c'est un lieu néanmoins préservé par une haie d'arbres aux essences tropicales qui masque les hauts immeubles voisins qui plongent sur la piscine.

John, un des serveurs du German Club est devenu l’ami de Maxime et Alice. Là encore, on mesure tout l’intérêt pour eux d’apprendre la langue locale et de faire l’effort de s’intégrer au peuple bangladais par leur langue. C’est d’ailleurs le seul moyen de communiquer avec Rénou, avec les commerçants, les employés de bureau, le livreur de DHL… qui manifestent hautement leur reconnaissance… Donnobat, Donnobat, Donnobat. (Merci, merci, merci).

Déambuler dans les rues à pied (activité peu commune des « blancs ») nous permet de nous rendre au grand quartier commerçant proche de l’appartement de Jack et Irina. Nous marchons au bord de la rue dans la poussière risquant notre vie par le va et vient de véhicules roulant à gauche, se dépassant, s’évitant, klaxonnant. Nous croisons : trois hommes accroupis autour d’un appareil électronique mis à nu ; un vélo en panne en cours de réparation ; des enfants qui vendent des bonbons ; des mendiants handicapés ; des femmes et leur bébé qui font la manche ; des hommes accroupis qui se soulagent ; des vendeurs de fruits, de plats cuisinés… au pied du West Inn, hôtel de luxe ou de hauts magasins placardés de publicité à l’américaine ; d’échoppes minuscules qui vendent de tout ; avec toujours deux, trois, quatre, cinq personnes quand une seule suffirait. La densité de population est la plus forte au monde. Mille personnes de plus chaque jour dans la capitale qui passera dans six ou sept ans de quinze millions d'habitants à vingt, vingt-cinq millions. D'où un paysage dans lequel il y a toujours des constructions. L'étayage par les bambous étant très couleur locale.

Au bureau de Jack, notre visite paralyse tout le monde : salutations très cordiales, obligation d’accepter des mets offerts avec prévenance, et d’être l’objet de leur curiosité « dévisageante » car ils restent statiques devant nous à nous regarder.
Patrick, de l’ambassade, rencontré au German Club, nous dresse un portrait du Bangladesh qui complète ce que nous en disent I et J et ce que nous avons lu sur ce pays.

Vous imaginerez mieux par cette analyse ce que vivent nos chers expatriés.

95% des eaux de l’Himalaya arrosent le pays drainé par deux grands fleuves, le Gange et le Brahmapoutre. C’est le pays du delta, du delta du Bengale, berceau de la civilisation indienne. Outre ces grands fleuves, des milliers de rivières s’écoulent dont les lits peuvent se déplacer de 1 Km à la ronde et peuvent grossir au cours des crues provoquant des inondations tristement célèbres et dévastatrices. Un quart du pays est sous les eaux chaque année. Les habitants cultivant la terre se regroupent sur des îlots fortifiés pour résister à la force des eaux. Le delta est une région à haut risque dans laquelle, il ne faut pas s’aventurer. En dehors des ravages dus à l’eau, se trouvent les fameux tigres du Bengale, mangeur d’hommes… et ce n’est pas une légende.

140 millions d’habitants sur 140 000 km2 : des chiffres qui parlent tout seul de la densité dans ce pays.

Un peuple, fier de son pays. Un peuple gentil. Un peuple non marqué par le terrorisme même s'il est une menace potentielle présente. Aujourd’hui il n’y a pas de problème de sécurité le jour. Mais l’ambassade met toujours en garde cependant les résidents étrangers. Un peuple besogneux qui travaille. Ou à qui le travail ne fait pas peur.

Les dernières élections ont mis au pouvoir à 70% des voix, un gouvernement laïc modéré. Sur 345 sièges, 45 sont réservés aux femmes. Le premier ministre étant une femme. Les élections ont été contrôlées par des instances internationales après épuration de 12 millions de noms des listes électorales.

Le gouvernement s’efforce de moderniser le pays. L’industrie du textile est première… Jack et Irina en savent quelque chose. De nombreux bureaux d’achat existent : pour les vêtements et autres produits qui fournissent les magasins européens et asiatiques. La brique est l’élément de construction avec le bambou. Les briques sont fabriquées dans des usines qui marquent le paysage de leur empreinte fortement polluante même si une grande partie de la production est de main d’hommes. Le bambou est transporté en … vélo. Même si les troncs mesurent 10m de long.

Des ONG et des associations portent assistance à la population. En plein cœur de Dhaka, un orphelinat tenu par des français, ramasse les enfants dans la rue, les éduque et leur donne un métier. Les missionnaires de la charité sont aussi présentes notamment dans l’éducation des enfants. Nous visiterons leur centre et achèterons quelques articles fabriqués par des handicapés.
Au cœur de leur activité. Mercredi 28 Octobre. Ou comment diriger une affaire de textile au Bangladesh ?
Le textile, première activité économique du pays, en plein essor industriel, peu touché par la crise économique actuelle. Une main d’œuvre nombreuse, jeune, pas chère, besogneuse, qui ne demande qu’à travailler … mais attention à la corruption et au vol.

Le bureau de Maxime, alias Jack, se trouve non loin de chez lui. Ils domptent ses vendeurs d’une main de fer par un contrôle strict mis en place pour gérer le stock, la production et la vente des entoilages pour col de chemises. Maxime a su entrer dans la peau d’un senior manager pour se faire respecter et mettre un peu beaucoup d’ordre dans cette affaire. Il nous emmène dans son usine à l’ouest de Dhaka où nous découvrons une fabrique de tissu, autonome, grâce à ses deux générateurs, et assez moderne par ses trois machines qui enduisent de colle les rouleaux de tissu après les avoir dépoussiérer. La chaleur est suffocante. Les rouleaux de tissu sont alors emballés (une centaine de nuances étant proposée à la clientèle) puis livrés ou stockés.

Alice se rend tous les jours en voiture avec son chauffeur (car il est impossible pour un européen de conduire dans ce pays) à une heure trente éprouvante de chez elle. Son bureau est sur le site de l’usine qui fabrique ses produits. Très vaste usine qui produit des étiquettes pour vêtements. Les ouvriers et ouvrières fourmillent et travaillent soit sur des machines de haute précision soit à la main, assis par terre, à la bangla. Les ateliers de femmes qui collent les paillettes ou qui peignent les minuscules moules qui imprimeront les signes des grandes marques comme Promod ou Joyful, sont impressionnants : les femmes sont serrées les unes à côté des autres face à face, toutes voilées, voiles de toutes les couleurs vives qui existent qu’elles réajustent à notre entrée.

Usine qui sort aussi tout ce qui est nécessaire autour des étiquettes : les sachets, les sacs plastique, les cartons d’emballage, les cordelettes, les cintres … du monde partout et des machines partout. Un fort contraste entre haute technologie et travail à la bangla.

Alice est partie de rien et cette affaire a maintenant belle allure, mais à quel prix ? Fatigue intense, temps passé considérable : longues journées, longues semaines, pas de week end, solitude pour tout porter, intégration difficile en tant que femme ayant des responsabilités. Aujourd’hui son équipe est efficace, formée, mais sa présence reste indispensable.

La couverture professionnelle de nos deux héros ne leur laissent que peu de place pour leur activité romanesque à la découverte de paradis étrangers vers d’autres pays mais des coupures sont néanmoins nécessaires pour eux, pour leur santé et pour leur moral. D’où leurs escapades vers la Malaisie, le Laos, la Thaïlande et la suite … pour bientôt. Ils ont des projets !
Old Dhaka avec leur allié dans la place. Jeudi 29 Octobre 2009. Ou comment visiter le cœur du Bangladesh sans se perdre?
Il s’appelle John, il est bangla et par amitié pour Maxime, il propose de nous servir de guide pour visiter le vieux Dahka. Bien sûr des lieux touristiques : un musée (ancien palais impérial), l’église arménienne où nous rencontrons le prêtre installé au Bangladesh depuis 25 ans, la star mosquée et un ancien fort, transformé en vaste jardin public très fleuri et arboré où les habitants du quartier et surtout les amoureux aiment se promener et se détendre pour fuir quelques temps le vacarme et le grouillement du centre… mais aussi des lieux plus insolites : le chantier naval au bord du Buriganga qui nous vaut un tour en pirogue. Nous découvrons l’intense activité fluviale. Et un petit resto où nous dégustons une soupe vers 15 heures tandis qu’autour de nous hommes et femmes consomment leur assiette de riz et de poulet, mangeant avec la main droite et terminant en mâchouillant des graines parfumées. Grâce à John nous emprunterons le baby taxi et le rickshaw, expérience indispensable quand on se déplace au Bangladesh mais oh combien éprouvante pour les conducteurs comme pour les passagers. Surtout quand notre baby taxi s’est retrouvé coincé entre 2 gros bus pleins à craquer dont les occupants ont commencé à nous chercher des noises.
Dîner bangla chez un bangla. Ou comment un simple bangla qui n’est jamais sorti de chez lui, peut-il avoir une si grande ouverture à l’étranger ?
Les faits : Après nous avoir fait vivre à l’heure bangla découvrant la vie des habitants du vieux quartier de Dhaka, John nous reçoit à dîner chez lui.

Chez lui? Pour y arriver, nous prenons le rickshaw, traversons le luxueux quartier des ambassades jusqu’à une porte de séparation qui nous permet de franchir la frontière avec le quartier populaire où vit John. D’ailleurs il nous attend là pour nous guider jusqu’à chez lui car il aurait été impossible de trouver notre but dans ce dédale de ruelles en terre battue encombrées, poussiéreuses et défoncées.

Au quatrième étage d’un immeuble en dur nous faisons la connaissance de ceux qui habitent chez lui et qui vivent par lui sur son salaire de serveur au German Club, Donc nous rencontrons sa femme Juliana, sa fille Helen, qui crie devant nos allures si étranges d’européens, sa mère, souffrante, son neveu et son jeune frère. Ils vivent dans un deux pièces : une entrée/salon/salle à manger, 2 chambres, une petite cuisine. L’ensemble est petit, peu meublé, pas très propre, mais nous sommes accueillis avec beaucoup de sourires et d’amabilités. Commence alors la valse des plats nombreux et copieux qui nous est réservée à nous quatre, invités, assis autour de la table, nos hôtes nous servant. Ils n’accepteront qu’un verre de vin apporté par nos soins, debout, autour de la table. Au milieu du dîner arrive le père de Juliana, très agréable de conversation… en anglais. L’anglais bangla pas toujours facile à comprendre !

Sitôt dîner, sitôt partis, nous regagnons le logis à pied le long du lac.

La campagne au nord ouest de Dakha. Ou comment sortir des artères encombrées bordées d’échoppes minuscules?
Pour retrouver Jack après la visite de l'usine d'Alice, nous emprunterons une route de campagne à la découverte de nouveaux paysages.

La route étroite et défoncée rend tout croisement problématique surtout quand nous rencontrons (fréquemment) ces fameux petits camions peints aux formes généreuses. La vue est dégagée entre deux villages par la perspective des champs cultivés en contre bas de la route. En ce moment nous sommes à la période entre deux eaux, les inondations sont derrière nous mais les eaux ne sont pas encore à leur plus bas niveau. Dès que de la terre se découvre, les paysans sèment du riz. Il y a donc des champs de riz à tout niveau de développement. S'arrêter pour cueillir du riz fut une première. Les tout petits grains poussent en épi sur des pieds herbeux très légers d'une ravissante couleur vert tendre. D'autres légumes sont cultivés sur des petits lopins de terre. Et nous longeons aussi des champs de briques!!! Et oui, de briques qui sèchent bien ordonnées et rangées en parcelles rectangulaires avant d'être cuites dans les fours qui transforment le paysage naturel par la présence innombrable de hautes cheminées qui fument à certaines époques. La briqueterie est un chantier à ciel ouvert. Outre les champs de briques, nous voyons les tas de briques cuites, et de gravier sur lesquels les ouvriers et ouvrières travaillent, assis sous leur parapluie pour certains, afin de se protéger du soleil. A la saison des pluies, les briqueteries sont inondées. Plus de travail!

L'habitat rural est fait de cases en dur ou en tôle ou autre matériau assez rudimentaire dissimulé par la végétation. La pauvreté se définit aussi par la précarité des logements.

La route traverse des villages où nous retrouvons le grouillement typique: les marchands, les véhicules en tout genre, les enfants à peine vêtus, les bricoleurs et travailleurs qui font fonctionner l'économie locale.

Au bout d'une heure et demie de cette route campagnarde, nous retrouvons Jack dans un resto italien de bord de route vers 15 heures après avoir passé beaucoup de temps en voiture depuis notre départ de Dhaka mais à une allure si lente que l'on bénéficie vraiment de l'ambiance environnante.

Une journée à Savar. Ou comment rencontrer des bienfaiteurs qui œuvrent pour le développement du pays ?
Si certains bangladais émigrent, en France notamment ou au Canada, (nous avons rencontré Robin et sa famille à Massy Palaiseau puis à Dhaka en voyage), ceux qui restent sont souvent victimes du déchainement des éléments naturels, les inondations, les cyclones, les pluies, les raz de marée, l'élévation du niveau de la mer, les fameux tigres du Bengale, la famine, la sécheresse, et la pollution, le manque d'hygiène …

Certains se lèvent pour apporter une pierre à la construction de la dignité humaine. Nous parlerons de l'association Friendship et plus particulièrement de l'action d'Yves Marre, français installé au Bangladesh, de sa femme bangladaise, et de Corentin, jeune Vannetais, parti donner un an de son temps et de ses talents et compétences d'ingénieur Icam pour ce chantier naval. Car oui, cela peut vous surprendre, c'est par une activité de construction de bateau qu'ils viennent en aide à la population appauvrie. Comment? En ayant construit deux catamarans hôpitaux qui se déplacent sur les rives des fleuves avec une équipe de médecins et un bloc opératoire.

En redécouvrant la culture bangladaise par la reconstruction de bateaux avec les techniques anciennes. Bateaux remis en activité ou maquettes de bateaux exposées dans les musées locaux ou internationaux.

En construisant de nouvelles embarcations plus légères avec des matériaux plus modernes pour former des charpentiers de marine à de nouvelles techniques et pour produire des bateaux plus adaptés aux besoins d'aujourd'hui.

Vous pouvez en apprendre plus en vous rendant sur internet sur leur site.

Ce chantier est installé au bord d'une rivière à une heure de route de Dhaka. C'est un havre de calme, de douceur, de verdure. La vue est magnifique. Le trafic fluvial est intense. Toute embarcation est différente par sa taille et sa fonction. Nous aurons la chance de naviguer quelques heures sur le fleuve et sur une rivière, ce qui nous permet de pénétrer encore plus profond dans ce pays qui nous livre quelques secrets. C'est un moment inoubliable pour nous quatre. Le temps fort de notre séjour. Nous découvrons la vie au bord de l'eau et dans l'eau.

Scènes typiques comme les vaches menées au bain pour leur toilette; femmes voilées et toutes habillées avec les enfants et les hommes se lavant et se rafraichissant car il fait vraiment très chaud; transport de personnes et de denrées; culture du riz et travaux des champs; pêche; quelle ambiance!

Notre pirogue, à moteur, à voile, à rame, échoue souvent car les eaux se retirent peu à peu laissant des bancs de vase qui nous surprennent. Hop, Maxime à l'eau et ça repart. Malheureusement, les noyades sont une des causes fréquentes de mortalité infantile.

Les méfaits du climat. Ou comment s'adapter en tant qu'Européens?
Jack et Irina ont réussi à s'adapter à ces conditions difficiles de vie sous ces latitudes. Pour nous, huit jours n'auront pas suffi. Nous avons quelque peu souffert de la chaleur, des moustiques et de la cuisine locale. Certaines maladies provoquées par les moustiques peuvent se révéler dangereuses. Or ils piquent sans se faire voir ceux-là tant ils sont petits!
Conclusion.

Un pays en plein essor apparemment non contrôlé. Que vont devenir ces milliers d'ouvriers aux conditions de travail parfois précaires et à l'engagement pas toujours fiable.
Des enfants courageux, conscients de leur chance de vivre cette expérience professionnelle et humaine. Et l'après Bangladesh? Ils y réfléchissent.

Un voyage enthousiasmant à l'autre bout du monde. Nous ne sommes pas les mêmes avant et après avoir découvert le Bangladesh. Nous avons un autre regard sur l'humanité. Cela amène à reconsidérer notre place dans ce monde et à vivre avec chaque personne humblement et sans jugement mais avec une conscience plus aigue de notre prochain à la fois si différent et si accessible.
Nous avons voulu vous donner par ce récit des nouvelles d'Alice et Maxime d'abord. Mais aussi vous rapporter notre modeste point de vue sur ce pays dans un souci d'être un petit peu des passeurs d'espoir.

Maxal Bangladesh ltd