samedi 31 janvier 2009

Grand colloque intercommunal du petit chapeau blanc.

Enchantés par la visite de l'honorable Coralie ; collègue Franco (de souche) Hong-Kongaise (de par le fait) du haut commandement ; nous avons décidé ce week end de sortir de notre train-train de jeunes cadres surmenés avides de farniente casanière, dans le but de faire découvrir notre beau pays d'accueil à notre invitée.

Un repérage habile nous a permis, lors de la semaine de travail qui précédait, d'observer de curieux rassemblement d'hommes coiffés de petits chapeaux blancs très curieux. Nous nous aperçûmes qu'ils se rendaient tous dans un champ, non loin d'Uttara, qui n'est elle-même pas loin de Dhaka.

Curieux déplacement d'hommes coiffés de chapeaux blancs.

Après une rapide collation au "brunch" du Radisson (l'hôtel le plus chic de la ville), nous partîmes en Taxi vers le lieu du crime. Alors que nous filions bon train depuis une bonne paire de minutes, accoudés à la fenêtre, le visage au soleil, les cheveux aux vents et la lippe pendante, nous fûmes soudain pris au piège par l'infâme pieuvre qui condamne Dhaka à une vie exaspérante : le trafic. Mais, c'était sans compter notre bonne volonté : désireux d'arriver à temps au rendez-vous, nous abandonnâmes notre chauffeur et décidâmes de continuer à pied.

Satanés bouchons !


Il règne au Bangladesh un air de dimanche, le vendredi, et c'est avec plaisir que nous nous frayâmes un chemin dans une foule de plus en plus compacte, assez interloquée par notre présence.

Les gens s'arrêtent pour nous dévisager

Arrivés à l'embranchement qui va d'Uttara à Savar, le trafic était devenu complètement délirant ; regardez les photos et constatez avec effroi la pertinence du superlatif.
Nous nous faufilâmes néanmoins vers le côté de la route et avançâmes parmi la foule, au mépris de la poussière, des odeurs viriles et de l'encombrement.

Enclin à la discrétion, j'avais moi-même fait l'acquisition d'un petit chapeau, pas blanc, mais marron, afin de signifier mon soutien au mouvement, et suggéré aux femmes dont j'avais la charge de faire preuve de pudeur, et de masquer la blancheur de leur teint laiteux sous un voile prudemment prévu avant la promenade.

J'en profitais pour leur montrer une petite passe de hip hop dont j'avais le secret

Pour ou contre le port de la burqa?


Nous nous promenâmes alors le long du chemin, et ouvrîmes nos sens pour apprécier l'authenticité du Bangladesh : le son des hauts-parleurs installés le long de la route débitant des musulmaneries, les stands bariolés de brosses à dents, de caches-nez, de courges, d'épices, de mendiants atrocement mutilés, les yeux curieux des badauds, enchantés d'essayer leur Anglais sur deux brunes aux yeux verts, le spectacle du fleuve, les barbes des barbus...



En effet, malgré nos précautions de mimétisme, la manœuvre de discrétion avait lamentablement capoté, et les petits chapeaux blancs nous dévisageaient comme des bêtes de foire dés que nous arrêtions d'avancer.

C'est pas faute de pas avoir essayé !

Après moultes photos, palabres, regards amusés, nous finîmes par faire demi tour pour rejoindre la route principale et rentrer au bercail.

Sur le chemin du retour, nous fûmes ravis d'être témoins d'un sport très populaire très justement nommé le bus à dix.

La règle est très simple, on se rassemble le long de la route et des bus passent à moyenne vitesse. Là, il s'agit de monter par groupe de dix dans le bus. La première dizaine gagne des places assises, la deuxième, des places sur le toit, et la troisième, mains coupées, membres arrachés ou broyés (selon disponibilité).



Un sport qui se pratique dans une bonne humeur conviviale, emprunte d'une franche camaraderie dégageant une chaleur tout à fait sympathique.

A la prochaine !

PS : A la demande générale, je lève le voile sur le fin fond de l'histoire. Il s'agit en fait d'un pèlerinage musulman annuel à rayonnement international, nommé Ijthema.

samedi 10 janvier 2009

Passage à tabac à Dhaka

3h30 du mat'. Je n'arrive pas à dormir. C'est le jet lag. Je délaisse mon plumard pour aller faire un peu de vaisselle.
La fenêtre de la cuisine, au quatrième étage, possède un balcon qui donne sur un jardin avec une petite maison habitée par des Banglas.

Soudain, j'entends des pleurs, des cris et des lamentations ; de quoi réveiller toute une bande d'aveugles dormant dans le brouillard avec des lunettes de soleil.
Je me penche sur le jardin, c'est l'effervescence. Une femme pleure comme si elle avait vu le diable, un groupe d'homme s'excite autour d'un autre auquel ils commencent à mettre des claques. Habitué aux appels nocturnes des muezzins, mais ignorant du rituel des gifles, je cours chercher mes lunettes. Après avoir rassuré Alice, courant épouvantée à ma rencontre, je remarque qu'une autre bande de types, avec des blousons marqués "RAB" dans le dos ramassent des bâtons pour les casser sur les jambes du pauvre bougre.

Un tas d'objets semblant giser ad probationem non loin du lieu du drame me font abandonner la thèse du viol incestueux pour celle du cambriolage.

Les types de la "RAB" finissent par embarquer le malandrin dans un van pendant qu'une bande d'excités continue de gesticuler.

Quel pays ! Je retourne me coucher !

J'apprend le lendemain que la RAB est la force d'intervention spéciale du pays. Charmant.

Maxal Bangladesh ltd