samedi 26 avril 2008

En musique, s'il vous plaît

Chers Lecteurs,

Bien qu'aucun fait vraiment marquant n'ait eu lieu, je prends la peine de vous donner quelques nouvelles, malgré mon manque d'envie d'écrire ce matin, je suis mal réveillé... Enfin. La semaine s'est déroulée sans grand évènement, mis à part certaines réponses positives d'entreprises désireuses de me rencontrer, et la rencontre de Paco.

Alice l'a rencontré avant mon arrivée. Cet espagnol fort sympathique de 38 ans est ici depuis un an et demi et travaille devinez ou ! Mais oui, dans le textile. Non content d'être country manager, il est de surcroit musicien, plus exactement, pianiste et bassiste... Nous nous retrouvons donc au nordic club*

*Club: lieu vous conférant contre un forfait annuel doublé d'un abonnement mensuel le statut de membre, qui vous permet de profiter à discrétion des facilités offertes par la maison : Tennis, ping pong, jokary, pictionnary, piscine, bar*, restaurant*... (*consommations réglables sur votre note ou sur place) et de rencontrer un tas d'autres Européens. Il faut être membre ou invité par un membre pour pouvoir y entrer. Il est également possible, d'après Alice, d'usurper l'idendité d'un membre. Il est à noter que nous n'avons pas encore vérifié si le mécanisme de la note fonctionnait dans ce cas.

Paco et moi décidons alors de jouer ensemble et de former un groupe. Il est d'après Paco peu aisé de rencontrer des musiciens ici... Ceux-ci dédient leur talent à des groupes de variété locale afin de subsister, et ne sont d'après mes sources guère intéressants (il est vrai que j'en ai déjà aperçu lors du pique nique auquel l'opulent mr Szia m'avait invité le jour de mon arrivée, et que je n'avais pas été très ému de cette découverte)

En fait, depuis un an et demi et des recherches aussi vaines qu'harrassantes, Paco n'a encore jamais rencontré de vrais musiciens locaux. Néanmoins, trois jazzmen se partagent la ville: Saad (anglo-bangladais) au piano, lui même jouant avec un saxophoniste le duo étant aux dires de Paco très bon, et puis il y a paco et moi.

Soit dit en passant, nous sommes allés avant hier à l'hôtel west in (un des plus chics de la ville, dans lequel on peut dîner), et nous avons assisté à un concert dont je vais vous conter la teneur :

Le summum du kitch et du mauvais goût. Affreux, navrant, je fus partagé lors de cette expérience entre le fou rire et le désespoir le plus noir.

Imaginez la scène : trois demoiselles originaires d'Asie de l'Est, un peu à l'étroit dans leurs costumes des grands soirs, des robes chatoyantes de dorures or et argent ; leur comparse, ingénieur du son plus que musicien, exhibant sa chevelure d'un aspect brillant et visqueux aux éclats de pourpre, vêtu tel le prince des galeries d'Euralille campé devant son synthétiseur, envoyant avec une logique implacable les boucles musicales devant permettre à Charibde, Scylla et Gargamelle d'exprimer leur misère artistique...

Un répertoire éclectique digne des plus grandes voix occidentales... Sinatra, U2, the cranberries, tegan & sarah, paul et natacha, Quick & Flupke... et j'en passe... Tous les grands succès de l'occident étaient là, portés par une sérénade de... Etaient-ce des notes? ... par la magie du synthétiseur... merveilleuse invention que le sampleur nous faisant revivre avec autant de cachet la magie des big bands des années 40, la fièvre des groupes de pop des années 90 en passant par les plus belles symphonies de l'époque néandertale...

Et nos trois princesses antiques, dont les mélopées homériques vous transportent sur la terrasse, bien au fond, se livrant à des chorégraphies que je ne pourrais qualifier... Un spectacle désolant. Et un public pourtant! Un dixaine de clients du West-in, les marins d'Ulysses face aux sirènes, abrutis de Whiskey, digérant avec difficulté au fond des fauteuils du bar. Certains allant même jusqu'à taper du pied... Etait-ce la magie de la musique qui les retenait ici? Ou bien était-ce encore la pudeur Bangladaise qui leur avait fait oublier comment les femmes sont faîtes et redécouvraient-ils ce soir, voyageurs esseulés, la beauté du corps féminin à travers le strass, les paillettes et les bourrelets de nos trois Chinoises ? Pauvres âmes en dérive...

Je dois vous avouer lecteurs, que je n'ai pas la réponse à toutes ces question, mais ce récit m'a délivré d'un certain poids... Le spectacle traumatisant dont j'ai été victime pendant presque dix minutes, devant quitter le fond de la terrasse, attendant Alice avant de quitter les lieux... C'est peut être pour ça que j'ai mal dormi... Il est mauvais de garder en soit pareils souvenirs...

Pourquoi tant de mauvais goût? Je crois avoir une partie de la réponse. Ici, tout ce qui sonne ou brille à l'occidentale prend tout de suite beaucoup d'allure. Au lieu de promouvoir leur culture, qui est riche et chargée d'histoire autant que les autres, les Bangladais adulent le Kentucky fried chicken, les supermarché, les maggi noodles... Ceci est pour eux la culture occidentale... Telle qu'elle leur est apportée par les voyageurs qu'ils rencontrent ou bien par les ondes Hertziennes... C'est donc leur image du goût, de la classe, du luxe enfin...

Et bien entendu, il est bien plus huppé et plus onéreux aussi d'aller faire ses courses au supermarché plutôt que chez l'épicier du coin de la rue qui est plus près de chez vous...
En musique, le résultat est troublant : odieux compromis mêlant la quintessence nullifesciente de chaque culture...

lundi 21 avril 2008

Et maintenant, qu'est ce qu'on fait?

Le lendemain, alors qu'il était prévu que je prenne le bus tôt pour y retourner (où, ben à l'usine, tiens, faut lire les articles dans l'ordre mon vieux) un des types m'appelle : "la situation n'est pas très bonne, tu ne viens pas aujourd'hui"

Qu'est ce que ça peut bien vouloir dire? Serait-il qu'ils aient trouvé que mon comportement n'était pas satisfaisant? Je ne crois pas, car on remet le rdv à lundi. Mais... Cher lecteur ai-je ou n'ai-je pas raison? Un stage tout de même, non payé, à mon âge, avec ma situation et mes responsabilités de chef de famille...

J'attends vos commentaires, mais je me suis dis qu'il était plus approprié de continuer à prendre le temps de chercher... Oui, même si je dois pour cela continuer à passer mes matinées en calebar devant Internet pendant que Cheela fait le ménage à côté! (Pour votre plus grand bonheur d'ailleurs, car cela me permet aussi de faire vivre ce blog).

Pas si évident, de trouver une situation. Mais, le tout est d'agir calmement, de ne pas se précipiter, de prendre le temps, de rester bien transparent...

Bon, sur ce, je vous laisse et vous souhaite une bonne semaine !
Je pense bien à vous depuis mon grand appartement, et je vous promet de publier sous peu des photos merveilleuses qui vous feront voyager vers des contrées exotiques, colorées, chaudes, très chaudes aaaah la clim!!! Cette chaleur, ça vous coupe les jambes, sans rire, il fait lourd, et puis encore trois mois comme ça... Mon Dieu, douce France... Heureusement, il y a le German club. Faut qu'on aille s'y inscrire... C'est pas donné, mais c'est le club en vogue du moment, tout le monde y va... piscine, tennis, bières... Bière... Bar... Lille... Copain... Et puis c'est si près.

Une journée à l'usine

Le lendemain, Monir, jeune sous-chef d’usine, passe me prendre à domicile en minibus. On arrive sur place à 10 heures. Je rencontre Mister Nazrul, qui doit m’aider à comprendre la première étape de la production au département yarning (filage en français). En fait, le fil s’achète à des entreprises Bangladaises, chinoises, taiwanaises… Après, selon sa constitution, il doit ou non passer au département winding (mise en bobine du fil) puis au knitting (tricot). Des machines encore importées d’Asie permettent aux ouvriers de tricoter les pants des pulls : devant, derrière, les manches.

Après vérification, il faut assembler les parties (linking), couper les fils et affiner l’assemblage (mending), ajouter les accessoires (zipper, boutons) si nécessaire, laver (washing, bravo !), repasser (ironing), fignoler (finishing) et emballer (packing)… Entre chaque étape, il y a toujours une vérification du boulot accompli et une batterie de couturières assises par terre qui reprennent les défauts.

Je passe la journée avec Nazrul, qui ne parle malheureusement pas très bien anglais, pour ne pas dire pas du tout. Alors je mets mes fesses sur une chaise, je la ferme et je regarde. C’est une grande pièce, avec des ballots de bobines de fil un peu partout, et aussi dans la pièce d’à côté. C’est pas très très bien rangé dis donc, mais comment font-ils pour s’y retrouver ?
Le téléphone sonne souvent, nazrul ou un autre répond. Ils ont des classeurs, des crayons, des chaises, mais pas d’ordinateur. Tout se fait manuellement.
Et puis il y a des porteurs de fil, qui passent leurs journées à trimballer tout ça.

Le business du textile marche de telle façon qu’après avoir reçu les commandes de l’acheteur, le département merchandising doit toujours valider tout ce qui se passe à l’usine en envoyant des échantillons qui sont ou non approuvés avant de lancer la production. J’apprends que l’usine est chargée jusqu’à août. Comparée aux autres que j’ai vues, celle-ci semble bien moins moderne…

C’est drôle d’être ici, tout le monde me dévisage discrètement avec un air très intrigué. C’est comme si j’étais un nègre.
Dans les usines, il y a toujours des gardes en uniforme à l’entrée qui vous font des saluts à l’américaine quand vous entrez. Et puis aussi des hommes de main à la solde des gros bonnets. On peut les sonner, et ils vous apportent du thé, de l’eau, des fruits, des gâteaux, de cigarettes, et ça, c’est quand même génial!

Dans mon usine, les « gros bonnets » ont l’air assez jeunes. En fait, les Bangladais ont souvent l’air beaucoup plus jeunes que leur âge. Mais, les cadres qui dirigent l’usine ici ont pour la plupart entre 25 et 35 ans. Ils parlent mieux anglais, et je m’esquive souvent du département yarning pour aller m’envoyer un thé dans les bureaux ou l’air est conditionné. C’est pas que je veuille faire de la mauvaise volonté, mais j’apprends autant en posant des questions à des gens qui me comprennent qu’en restant idiotement le cul sur ma chaise à observer les allées et venues de types qui parlent bangali et qui me regardent drôlement.

A la pause du midi, je déguste ma plâtrée de riz avec les cadres. Inutile de dire que les manières à table sont bien différentes de chez nous. En fait, Alice et moi, on trouve qu’ils se tiennent vraiment comme des porcs. Ils mangent avec la main, ça pourrait encore aller, mais ils font des bruits, et puis ils s’appuient négligemment sur leur coude gauche. La cerise sur le bouquet (pourquoi pas finalement): quand les doigts ne peuvent plus attraper les petits grains de riz qui baignent dans le jus, alors là, ils prennent leur assiette à deux mains et sscccccchhhhhhhhrrrrrrllllllllll, on aspire. J’espère qu’il nous restera un vestige des bonnes manières quand on va rentrer. On a complètement perdu l’habitude de faire la vaisselle, laver les miettes, ranger les couverts…

Après, je retourne somnoler au département de Mr Nazrul. Sur le coup de 5 heures, je me casse rejoindre Alice dont l’usine est tout près. Raz le bol de ce stage.

Note pour Louise et François: Le port d’arme est autorisé ici, si on a les papiers qui vont avec. Je n’ai pas l’impression que ce soit une pratique courante, mais il faut savoir que le sympathique Mr Kabir est haut en couleur et a vécu 20 ans aux Etats-Unis, ou il a d’ailleurs une chaîne de boulangerie. Peut-être est-ce l’american way of life qui a raffermi son attitude de cow boy.

dimanche 20 avril 2008

Trouver un travail au Bangladesh, une histoire de contacts

Chers lecteurs, je me suis beaucoup consacré, ces derniers temps, à la recherche d’un emploi à Dhaka.

Comme je vous l’ai expliqué précédemment, je suis dans la poche de la chambre de commerce et d’industrie franco Bangladaise, notamment grâce à l’éminent Julien Richard, jeune et méritant ressortissant Français en stage dans cet institut. Celui-ci m’a notamment remis le carnet d’adresse des entreprises, Françaises ou locales, qui sont inscrites à la chambre de commerce (donc, qui ont certaines affinités avec la France, vous me suivez ? Remarquez, jusqu’à maintenant, c’est facile).

J’envoie alors illico presto ma candidature en un mailing peaufiné à chacune de ces entreprises. Le coup fait mouche. Deux heures après, Remex, société d’import-export divers m’appelle et me convoque. Vêtu de ma plus belle chemise et de mon sourire désarmant, je me rends sans plus tarder sur les lieux du crime.

J’y rencontre le fils du boss, qui lui-même est boss. L’entretien est rapide, je me présente rapidement et décline mes motivations, il me parle de sa boîte, qui importe surtout des produits français (notamment, lailac, de danone, pour vous mesdames, parcequ’il est des cas pour lesquels votre nourisson ne peux rester suspendu quand il a faim)

Il a comme une sorte d’intuition de prémice de projet pour moi sur lailac, il s’agirait que j’aille le vendre auprès des médecins afin qu’ils le prescrivent… Un bon retour du marché sur ce produit… Je repars dubitatif.

Le surlendemain, je retourne aux locaux de Remex, pour cette fois, rencontrer le père… Dans sa branche, c’est plutôt les produits chimiques, et à ce qu’il paraît ça marche d’enfer.
Après les présentations d’usage, il me parle d’un de ses associés dans le textile (toujours) qui est patron d’une usine de sweaters… Sans plus attendre, il met même à ma disposition un espace intérieur cuir et un chauffeur qui m’emmène chez le cher homme.

J’arrive dans un immeuble (pas très propre), et monte aux locaux de Best wool sweaters. Le moins qu’on puisse dire, c’est que ça paye pas de mine. J’arrive dans un bureau : une table, des chaises, une petite télé derrière, un téléphone et au fond à gauche, un tapis roulant (mais si, vous savez, un tapis roulant, là, pour courir dessus), et sur le tapis roulant, un type (qui en fait de courir, marche), et puis d’autres types dans le bureau qui ont l’air de se tenir à carreau. Le marcheur est bien l’homme que je devais rencontrer. Il me fait asseoir, m’amène un café des clopes, des quartiers de mandarine. Nous échangeons quelques mots pendant qu’il finit son heure de marche (des problèmes de sucre apparemment). Il a fini… Nous discutons rapidement. Sans regarder mon CV, il lit ma lettre. Business school, bien… El paso aux Etats-Unis, il connaît… En fait, lui, il a besoin d’un type qui aimerait son entreprise comme si c’était la sienne. Il y a des clients… Français, allemands, espagnols aussi… Des capacités de production supplémentaires… Un business en or, qui peux t’amener à voyager après dans le monde entier… Un stage, ou j’apprendrai les rudiments du sweater, la dure vie de l’ouvrier… Et puis après au sein du département merchandising… Et puis après lui et moi, on parlerait salaire, une fois que j’aurais prouvé que j’en ai dans le calfouet…

J’approuve. C’est fini, on part à l’usine ? Ok. Un passage aux chiottes, il change de chemise, enfile des nike toutes nazes, et prend un flingue dans son tiroir qu’il glisse avec un sourire dans son pantalon… C’est parti. Voiture, chauffeur, direction la zone industrielle de Gazipur, le quartier industriel de Dhaka, ou Alice a aussi son usine.

60 kilomètres qu’on parcourt en moyenne en 1h30. Inutile de dire qu’ici, la conduite sur route, c’est n’importe quoi de truc de malade que maman en aurait fait une apoplexie au bout de 5 minutes. On roule à droite, mais on peut doubler de tous les côtés, la signalisation est inexistante, il y a des vélos, des chèvres, des bébés, des mecs en sueur qui poussent des charrettes, d’autres qui leur vomissent dessus depuis les bus (très fréquent), des camions qui font n’importe quoi ; on peut très bien se mettre sur trois files si ça passe, et puis on peut se rabattre au dernier moment lors d’un doublement, ça pose pas de problème non plus… Enfin… Nous voilà, on arrive, on tourne à gauche, un chemin très cahoteux en terre, et on arrive à l’usine. La première, en construction. Puis la deuxième, l’ancienne. 1400 personnes, travail d’ouvrier assez basique… Pas très propre, mais ils ont l’air de faire du bon boulot. On me met à un machine à filer, j’y comprend rien mais je fais comme ci. Tout le monde ne parle pas anglais ici, bien sûr. Je rencontre tout un tas de gens, on me fait faire le tour de l’usine… Alors, tu viens samedi ? avec lui, ok ? Et puis après, tu te démerdes, on trouvera une solution. Pourquoi pas prendre le mini bus avec ta femme ?

On repart tard, trop tard. La pauvre Alice n’a pas les clés et m’attend depuis une heure devant la porte.
Le lendemain, jour férié, nous sommes invités à la maison de campagne. On passe par l’usine, bien sûr, où il faut poireauter 3 heures, assister à des conversations qu’on ne comprend pas, attendre le bon vouloir de l’autre… On part enfin.

Sur le trajet, on se rend compte que le Bangladesh est pays magnifique, des villages, des couleurs incroyables, du monde ! Même dans les villages, il y a foule… On arrive tard à la maison… Nous sommes saisis par l’odeur de la campagne, faisons le tour d’un étang, il y a des vergers, litchis, mangues… On boit des bières, on dîne, nous sommes sous le charme.
Le chauffeur nous ramène à Gulshan, il est dix heures trente.

Mon avis et celui d’Alice sont mitigés. Il y a beaucoup à apprendre, c’est sûr, mais un stage ? J’aurais du lui dire plus clairement dés le début que j’avais d’autres pistes et refuser de commencer tout de suite… D’un autre côté, l’accueil à la campagne donne le change… C’est décidé, j’irai à l’usine au moins pour le début, et je lui dit que j’ai d’autres rendez vous,et que je lui ferai part de toute proposition que je recevrais.

Le lendemain matin, on doit venir me cherche pour aller à l’usine.

lundi 14 avril 2008

Le vrai visage de Dhaka

Ces jours-ci, Alice et moi avons pu passer du temps ensemble.

D'abord, malgré le fait qu'Alice ai préféré aller travailler un peu vendredi, j'ai pu l'accompagner dans ses bureaux, et l'aider dans sa difficile tâche d'organiser et d'harmoniser les procédures de traitement des commandes.



Sur le chemin de l'usine, des paysages fantomatiques de fours à briques. Dans un ou deux mois, on ne verra plus que le haut émergé des fours, la manufacture des briques s'arrêtant avec la saison des pluies

En outre, le lundi 14 mai étant le jour de l'an Bangladais, c'est un jour non travaillé. Alice a donc pris son dimanche pour pouvoir profiter d'un week end improvisé.

Ce week end nous a permis de nous retrouver, et Alice, qui est à la limite du surmenage, a pu se détendre et penser à autre chose qu'à des délais de livraison, des commandes en retard et des machines.
Nous avons également passé du temps avec l'ami Madjid (cf article précédent).

Celui-ci est un excellent sportif, et sa situation de technicien lui conférant un pouvoir d'achat plus que conséquent au Bangladesh, il s'est dit qu'il pourrait bien ramener en souvenir quelques raquettes de tennis, cordes à sauter, chaussures et autres articles de sport acquis pour une poignée de takas. Il en parle au maître d'hôtel qui lui recommande le stadium market. Après un déjeuner d'affaire en sa présence au restaurant japonais, nous décidons donc de l'accompagner dans sa quête.

Nous voilà donc en route. Nous arrêtons un auto rickshaw (cf article bienvenue sur le blog d'alice et maxime) et lui faisons part de notre volonté de nous rendre au stadium market. Tel un couperet, l'annonce du prix tombe : 100 takas. C'est beaucoup. Néanmoins, nous acceptons et embarquons sans tergiverser. La route est longue, et encombrée, l'air est lourd de plomb. Voitures, bus, autos et vélo rickshaws se taillent un bout d'asphalte à coups de klaxon. Le flux créé par la route attire les marchands de chips, bouteilles d'eau, les mendiants qui tentent d'obtenir leur pain quotidien au contact du flot d'allées et venues, innombrables âmes en route vers des destinations inconnues.


Il est fréquent de voir les passagers du bus cracher des glaviots dignes des saloons les plus enfumés, et même vomir allègrement par les fenêtres.


La dure réalité de la route, âmes en transit vers leur destin

Soudain, c'est la panne. La télécabine ne démarre plus. Affectant un air contrarié, le chauffeur pousse son véhicule au bord de la route. Après quelques minutes d'espoir, nous comprenons que l'attente est vaine. "Vous êtes à cinq minutes à pied dans cette direction" nous indique le chauffard.

Nous nous rendons vite compte que personne ne connaît de stadium market, et nous nous demandons même si la panne était bien réelle. L'annonce de l'arrivée proche nous a en effet montrés généreux, et peut être notre hôte a-t-il préféré nous faire le coup de la panne pour ne pas trop allonger sa course.
Embarqué dans un autre rickshaw, nous mettons une bonne demi heure à rejoindre "ejtadium market", dans le quartier de central Dhaka.

Ce quartier diffère en beaucoup de points du nôtre, véritable hâvre de paix en comparaison avec ces rues bondées de véhicules, mendiants... On peut à peine s'arrêter sur le trottoir tant la foule nous presse. Au ejtadium market, point d'articles de sport. un bazar de boutiques qui proposent les mêmes produits tous les 3 mètres. Ceintures de contrefaçon, bagages, montres, objets de prières, vêtements locaux, chèvres, bijoux, tasses, poupées... Tout un bric à brac habité par des marchands au sourire enjoliveur. Au deuxième étage, notamment, une trentaine de bijoutiers se partagent le marché. D'ailleurs, nos visages font sensation. On a pas l'habitude de croiser des blancs par ici. Un passant bouscule Alice, très fier de lui adresser un "excuse me" courtois et de montrer sa connaissance de la langue de Shakespeare. Nous marchons, ivres de chaleur et de monde. Madjid fait des affaires de main de maître. Il est mieux apprécié que nous, chrétiens, avec sa courte barbe qui atteste de sa religion. Un étudiant l'aborde même pour lui serrer la main et lui demander ses origines, et un autre passant, interloqué, fait de même.

Petite parenthèse, Alice me fait remarquer que depuis mon arrivée, les hommes ne lui serrent plus la main.

Voici donc le vrai visage de Dhaka : foule palpitante, pollution, sourires, mendiants décharnés ou bossus, tous nos sens sont agressés, et, loin du ghetto des expatriés, nous comprenons le sens de l'expression "hussle and bussle".

Le séjour de Magic Madjid

Ces derniers jours, nous avons, chers lecteurs, eu la chance d'accueillir en notre beau pays l'ami Madjid. Qui est-ce, je vois déjà cette question se former sur vos lèvres.

Madjid est un collègue d'Alice.

Sitetic, entreprise française rachetée récemment par un groupe Espagnol propose aux marques de vêtements de prendre en charge l'impression et la fourniture de leurs étiquettes et griffes. Le business est juteux, car Sitetic (te grattent, ton thé t'hôtera ta toux) connaît une croissance soutenue.
Vous l'aurez compris, il s'agit bien là de l'employeur de la belle Alice et dudit Madjid.

Madjid donc, est venu de France au Bangladesh en qualité de technicien. En effet, l'impression d'étiquettes requière des machines oh combien compliquées. Madjid est passé expert dans le maniement de celles-ci et part régulièrement former les ouvriers des partenaires dans des pays lointains.

Pauvre Madjid, il était déjà dans l'avion lorsqu'Alice apprit que les machines importées de France restaient bloquées à la douane. Le voici alors à l'hôtel, à des milliers de kilomètres de chez lui, ne pouvant accomplir sa mission.

Le voilà aujourd'hui reparti, attendant que le dédouanement et le bakchiche qui s'y attache soient négociés proprement.

Mais, la visite de Madjid n'aura pas été vaine. En effet, c'est un peu grâce à lui que nous avons découvert ce week end le vrai visage de Dhaka...

A la découverte d'un nouveau fruit

Chers lecteurs, ces derniers jours vous ont vu sans nouvelles et nous nous en excusons. Pour nous faire pardonner, nous allons dans cet article vous faire part d'une découverte fascinante : Celle d'un nouveau fruit.

C'est en allant au marché avec Alice pour nous ravitailler vendredi

(Ici, le vendredi est l'équivalent du dimanche, c'est comme qui dirait, le jour du seigneur des musulmans, donc un jour férié. Bien sûr, Alice travaille en général 7 jours sur 7, et elle ne résiste pas, lorsqu'on est vendredi, à quand même aller à l'usine, ne serait-ce que pour une demi journée. C'est dire à quel point elle se surmène!)

Donc, lorsqu'Alice était là par un vendredi qu'on aurait pu qualifier de normal, nous faisions tranquillement les courses au rayon fruits et légumes. Soudain, alors que nous nous apprêtions à regagner nos pénates, un marchand l'interpelle. Non sans méfiance, nous nous avançons, et c'est alors que nous vîmes pour la première fois,


UN SPACE LITCHI !?§!




Finalement, après plusieurs analyses, nous nous rendons compte que le space litchi n'est autre qu'un litchi normal, sous sa forme fraîche. Ce que nous avons en Europe ont la peau sèche, n'ont plus de poils, et ont à peu près le même goût, si ce n'est le fait qu'ils sont moins consistant et plus juteux. Mais avouez que la première fois, ça fait un choc.

mercredi 9 avril 2008

Maxime Roux en direct des rues de Dhaka

Chers Amis,

Tout d'abord, merci à Nicolas pour son article très instructif sur la vie des Blattes. Je vous adjoins à nous faire part de vos commentaires et à prendre exemple sur son professionnalisme et son sens du détail.

Par ailleurs, même si vous trouvez que j'écris beaucoup et que c'est long à lire, je vous invite à vous connecter régulièrement, car je comprend des nouvelles fonctionnalités bloggistiques chaque jour. Par exemple, si vous parcourez à nouveau les articles précédents, vous verrez que j'ai posté des photos qui n'étaient pas là auparavant, avec des commentaires caustiques.

D'ailleurs, ce matin, comme je trouvais que ce blog rencontrait un succès inespéré, je me suis dis que j'allais me bouger pour l'enrichir. Ainsi donc, en allant poster des documents chez ups, je me suis muni de mon apareil photo caméra téléportatif et voici que je vous offre un superbe diaporama du quartier.


Les rues commerçantes d'abord, puis en repassant le pont qui passe près de chez nous j'ai même poussé jusqu'au quartier des ambassades. Mais je ne suis pas resté trop longtemps car il y a plein de caillras et avec mon appareil, je trouve ça chaud non mais oh !


Dieu merci, l'administration a pensé à affecter un gardien à notre immeuble. Avouez qu'il est disuasif !

Petit détail en passant, ici, les gens adorent être pris en photo, ce qui est tout de même plus convivial.

Petit focus sur les savantes techniques d'installation électrique usitées dans la région : une diode n'y retrouverais pas sa résistance.

mardi 8 avril 2008

shmilblick

Deux jours plus tard, les choses avancent. Alice se décarcasse toujours autant.


là, elle travaille alors qu'il est à peine huit heures du mat, non mais vous vous rendez compte! et tout ça pour l'équivalent local d'un salaire de patron!


Elle part à l'usine... Normalement elle y va en minibus affreté par la boîte, mais le chauffeur est malade, alors elle emprunte le chauffeur du boss

Quant à moi, je me suis mis dans les petits papiers de la mission économique et de la chambre de commerce et d'industrie. Une visite à la charmante directrice de cette institution aujourd'hui m'a permis d'avoir plus d'info sur les entreprises présentes ici et susceptibles d'être intéressées par mes indéniables qualités.

Par ailleurs, je suis certain qu'elle adjoindra aux gens qu'elle connaît ses plus chaudes recommandations à mon sujet.

Cette après midi, je me suis également aventuré à faire quelques courses, histoire de remplir le frigo et d'engrosser les marchands du coin qui m'ont accueilli avec un grand sourire. Ici, bien sûr, pas de supermarché, pouah!
Des stands fruits et légumes, des petites épicerie pour le pain, les chips les petits gâteaux et les boîtes de conserve et voilà, le tour est joué. Je n'ai pas encore vu de viande, mais de toute façon, je crois qu'on s'abstiendra d'en acheter sur les marchés, rapport aux parasites. Il est très facile de se faire plein d'excellents amibes, qui peuvent devenir encombrants.







En tout cas, avec mon caractère gentil et naïf, je crois que je me suis fais entuber bien proprement. Mais, ça va venir... Je finirais bien par imposer mon style, ou bien je trouverais le moyen de me déguiser en local.

Cette histoire de change a vraiment un impact considérable. C'est vrai que la monnaie de nos pays, et surtout le niveau de la vie Européenne et de nos salaires est vraiment énorme comparé aux pays émergents. Du coup, on peut vivre comme des nababs sans avoir le sou.

lundi 7 avril 2008

Bienvenue sur le Blog d'Alice et Maxime


Vue de notre terrasse

Bonjour et bienvenue sur ce blog dont le but est de vous faire partager notre expérience au Bangladesh.

A l'heure où je vous écris, Alice est ici depuis un mois et demi, et je suis arrivé depuis 4 jours.

Mes premières impressions sont plutôt bonnes, bien meilleures en tout cas que celles que j'ai eues en découvrant Calcutta et l'Inde en général, qui m'a laissé des souvenirs mitigés.

D'abord, les Bangladais sont très souriants, accueillants et ont l'air plus ouverts. D'autre part, l'odeur et le climat me semblent moins saisissants et sont tout à fait supportables. Il fait chaud et humide, lourd et il y a aussi cette espèce d'odeur équatoriale un peu écoeurante et ennivrante. Mais Les rues sont plus propres,


C'est quand même plus propre

et l'air est plus vivable. Pour l'instant je n'ai rencontré qu'une seule blatte (mais attention, une grosse tout de même) et pas encore de rats. Et puis, tout est très coloré !

La pauvreté semble moins présente aussi. Peut-être ai-je cette impression du fait de mon court séjour et de ma fréquentation des beaux quartiers.

Le premier jour, après 30 heures de voyage, j'ai tout de suite accompagné Alice à son usine. Groom en uniforme aux portes, herbes bien coupées, beaux bâtiments. L'accueil est chaleureux. J'essaye de garder un air digne, souriant, et une attitude dynamique malgré la fatigue. Alice est installée dans des locaux tous neufs. Un beau bureau de chef d'usine. Celle ci est grande et possède plusieurs entrepôts.

On m'amène à une garden party donnée par le groupe. on s'assied après avoir attendu pendant une demi heure le chef qui n'est pas venu. On nous sert du riz du poulet et autres... On mange à la main (droite, la gauche sert aux tâches impures, je vous laisse deviner desquelles il s'agit) en se postillonnant gaiement des grains de riz au visage. On me ressert cinq fois.
En revenant à l'usine ou j'ai laissé Alice, je m'écroule et me tape un bon roupillon.

Nous rentrons tard et mettons environ deux heures pour rentrer à Dhaka, les rues sont très encombrées. L'appartement que nous habitons est incroyablement grand, spacieux, fonctionnel, stylé. Et meublé par Alice s'il vous plaît. Ambiance antique classe. Sacré changement après mes collocations Lilloises douteuses. Il va falloir s'y faire.



Dans notre appart, il y a même un bureau comme ça. Ici, tout le monde m'appelle boss, alors j'essaye de prendre le pli. C'est pas évident, mais je m'applique

De plus, Alice est sympa, elle a pris une femme de ménage qui vient tous les jours s'occuper de la lessive, de la vaisselle, de laver tout partout et qui nous coupe des fruits (pastèque, ananas...). Par ailleurs, les ananas ont un goût terrible!

Elle s'appelle Sheela et elle est un peu cheelou, mais je l'aime bien quand même


Le lendemain soir nous sommes invités à une soirée donnée par des expatriés lors de laquelle nous tissons quelques contacts et buvons des bières. Ici, personnes ne boit d'alcool et il est difficile de s'en procurer. Il est importé et taxé à 450 %.

Mes recherches en France me permettent d'obtenir rapidement un entretien d'embauche. Ici, le gros business, c'est le textile. Beaucoup de gros (Pimkie...) passent des commandes, et les bureaux d'achats dirigés par des expatriés se frottent les mains. Mais il y a du boulot, surtout, bien vérifier la qualité de ce qu'on achète... Les Bangladais ont l'air assez sérieux, mais un peu tire au flan. Et il faut se méfier et bien vérifier, car sous leurs airs naïfs, ils ont vite fait de vous livrer un produit à la place d'un autre, triplent le prix de la course...

D'autres rendez vous sont programmés pour trouver du boulot, et je pense que ça viendra rapidement.

Depuis que la semaine a commencée, Alice part tôt (8h15) et reviens tard (22h00). Il faut bien ça ! Vous croyez que c'est gratuit une femme de ménage et un appartement d'enfer ? Et c'est pas avec mon salaire qu'on pourrait se permettre tout ça. Pendant ce temps, je m'installe dans mon bureau, qui vaut le détour, on croirai que je suis le directeur de l'immeuble, j'envoie des emails avec une connection edge, je joue de la clarinette. De temps en temps, je sors pour aller à un entretien ou j'accompagne Alice faire des courses.

Ici on se déplace en Rickshaw. Ce sont soit des vélos dotés d'un siège pour deux à l'arrière, soit des petits scooters à vitesse dans une carrosserie qui ressemble à un télésiège oeuf.


les rickshaws sont sympas !

Les taxis parisiens me font bien rigoler, parce qu'ici, les rickshaws ne s'amusent pas à faire la grève. Il y en a plein partout, et quand vous vous balladez à pied et que vous êtes blanc, ils vous font de l'oeil et vous tournent autour ou vous attendent au coin des rues. En général, le salaire se décide au jugé à la faim de la course. C'est environ 10 tk, soit dix centimes d'euros, pour 5 minutes. Mais, s'ils aiment bien les Européens, c'est qu'ils s'amusent à vous carotter ces bougres. Par exemple en vous demandant dix fois plus, ou en vous prenant sans avoir compris quelle est la destination. Une bonne école de fermeté et de taloches derrière l'oreille.

Bien le bonjour et à la prochaine.

Maxal Bangladesh ltd