lundi 14 avril 2008

Le vrai visage de Dhaka

Ces jours-ci, Alice et moi avons pu passer du temps ensemble.

D'abord, malgré le fait qu'Alice ai préféré aller travailler un peu vendredi, j'ai pu l'accompagner dans ses bureaux, et l'aider dans sa difficile tâche d'organiser et d'harmoniser les procédures de traitement des commandes.



Sur le chemin de l'usine, des paysages fantomatiques de fours à briques. Dans un ou deux mois, on ne verra plus que le haut émergé des fours, la manufacture des briques s'arrêtant avec la saison des pluies

En outre, le lundi 14 mai étant le jour de l'an Bangladais, c'est un jour non travaillé. Alice a donc pris son dimanche pour pouvoir profiter d'un week end improvisé.

Ce week end nous a permis de nous retrouver, et Alice, qui est à la limite du surmenage, a pu se détendre et penser à autre chose qu'à des délais de livraison, des commandes en retard et des machines.
Nous avons également passé du temps avec l'ami Madjid (cf article précédent).

Celui-ci est un excellent sportif, et sa situation de technicien lui conférant un pouvoir d'achat plus que conséquent au Bangladesh, il s'est dit qu'il pourrait bien ramener en souvenir quelques raquettes de tennis, cordes à sauter, chaussures et autres articles de sport acquis pour une poignée de takas. Il en parle au maître d'hôtel qui lui recommande le stadium market. Après un déjeuner d'affaire en sa présence au restaurant japonais, nous décidons donc de l'accompagner dans sa quête.

Nous voilà donc en route. Nous arrêtons un auto rickshaw (cf article bienvenue sur le blog d'alice et maxime) et lui faisons part de notre volonté de nous rendre au stadium market. Tel un couperet, l'annonce du prix tombe : 100 takas. C'est beaucoup. Néanmoins, nous acceptons et embarquons sans tergiverser. La route est longue, et encombrée, l'air est lourd de plomb. Voitures, bus, autos et vélo rickshaws se taillent un bout d'asphalte à coups de klaxon. Le flux créé par la route attire les marchands de chips, bouteilles d'eau, les mendiants qui tentent d'obtenir leur pain quotidien au contact du flot d'allées et venues, innombrables âmes en route vers des destinations inconnues.


Il est fréquent de voir les passagers du bus cracher des glaviots dignes des saloons les plus enfumés, et même vomir allègrement par les fenêtres.


La dure réalité de la route, âmes en transit vers leur destin

Soudain, c'est la panne. La télécabine ne démarre plus. Affectant un air contrarié, le chauffeur pousse son véhicule au bord de la route. Après quelques minutes d'espoir, nous comprenons que l'attente est vaine. "Vous êtes à cinq minutes à pied dans cette direction" nous indique le chauffard.

Nous nous rendons vite compte que personne ne connaît de stadium market, et nous nous demandons même si la panne était bien réelle. L'annonce de l'arrivée proche nous a en effet montrés généreux, et peut être notre hôte a-t-il préféré nous faire le coup de la panne pour ne pas trop allonger sa course.
Embarqué dans un autre rickshaw, nous mettons une bonne demi heure à rejoindre "ejtadium market", dans le quartier de central Dhaka.

Ce quartier diffère en beaucoup de points du nôtre, véritable hâvre de paix en comparaison avec ces rues bondées de véhicules, mendiants... On peut à peine s'arrêter sur le trottoir tant la foule nous presse. Au ejtadium market, point d'articles de sport. un bazar de boutiques qui proposent les mêmes produits tous les 3 mètres. Ceintures de contrefaçon, bagages, montres, objets de prières, vêtements locaux, chèvres, bijoux, tasses, poupées... Tout un bric à brac habité par des marchands au sourire enjoliveur. Au deuxième étage, notamment, une trentaine de bijoutiers se partagent le marché. D'ailleurs, nos visages font sensation. On a pas l'habitude de croiser des blancs par ici. Un passant bouscule Alice, très fier de lui adresser un "excuse me" courtois et de montrer sa connaissance de la langue de Shakespeare. Nous marchons, ivres de chaleur et de monde. Madjid fait des affaires de main de maître. Il est mieux apprécié que nous, chrétiens, avec sa courte barbe qui atteste de sa religion. Un étudiant l'aborde même pour lui serrer la main et lui demander ses origines, et un autre passant, interloqué, fait de même.

Petite parenthèse, Alice me fait remarquer que depuis mon arrivée, les hommes ne lui serrent plus la main.

Voici donc le vrai visage de Dhaka : foule palpitante, pollution, sourires, mendiants décharnés ou bossus, tous nos sens sont agressés, et, loin du ghetto des expatriés, nous comprenons le sens de l'expression "hussle and bussle".

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