lundi 30 juin 2008

Un dîner avec des acheteurs, ou comment trouver le juste milieu entre vie professionnelle et personnelle

Les journées passent vite lorsqu'elles sont bien remplies... Levés à 6h30, rentrés à 21h, nous n'avons pas le temps de nous ennuyer ici.

Alors qu'Alice décolle à 7h30, je profite de la fraîcheur matinale pour souffler quelques notes, avant que mon collègue Claude, également récemment embauché dans le textile, ne passe me prendre avec notre chauffeur.

Arrivé au head office, dans le quartier de Banani à quelques 10 mn de Gulshan 2 (ce sont de vrais noms, ne vous méprenez pas !) nous manageons nos qc, faisons le point sur les productions en cours puis partons pour les usines. J'ai désormais une voiture et un chauffeur attitré qui répond au doux nom de Zakir. C'est bien pratique et je profite des longs trajets (3 à 5 heures de bagnole quotidiennement) pour apprendre des solos de jazz (toujours gràce à mon sonic hérisson mp3 surround xyz).

De temps en temps, les acheteurs nous honorent de leur visite. Il y a quelques jours, je me retrouve convié à dîner au Club International avec deux jeunes acheteuses envoyées par une enseigne dont je taierais le nom.
Hélas, trois fois hélas, mes blagues font mouche, les visages s'égaient, les rires fusent... A la fois encouragé et gêné d'être si drôle, je finis par me rendre compte que l'on ri de moi. Spontanéité, sincère intérêt pour ses interlocuteurs, franchise, sont bien entendu des qualités critiques à proscrire absolument lors de rencontre avec les acheteurs, qui préfèrent s'emmerder, serrer les fesses et tirer la gueule...

Dans quel monde vivons-nous ? Je vous le demande...

Du RRRiz

Frères et soeurs,

Comment se passe la vie en France?

La mousson commence réellement à se faire sentir à Dhaka... Aujourd'dhui par exemple, il pleut fort et longtemps. Le lac face notre immeuble a pris quelques mètres et les rues sont innondées.

Gràce à mon téléphone sonic-hérisson 722 XY quicksplot surround, et aux fonctionnalités révolutionnaires du web 2.0, je vous offre quelques vidéos.

La scène se passe dans un resto Bangla avec un de mes QC, Al Mamun. Vous y verrez comment on se tient à table avec classe au Bangladesh !



lundi 16 juin 2008

Back to the roots

Amis de la poésie, de l’amour et de la franche camaraderie ;

Comme vous le savez déjà tous, Alice et moi nous sommes mutuellement passés la corde au cou voilà maintenant une semaine. Si vous n’étiez pas avec nous le 31 mai à Plougrescant-les-bains, je pense pouvoir vous dire sans exagération aucune que vous avez loupé quelque chose, mais alors, bien.

C’est d’ailleurs avec émotion et sans retenue que nous remercions de tout cœur nos parents, et familles qui ont fait preuve de génie et qui se sont donnés corps et âme dans l’organisation d’une fête à tout casser, mais aussi tous les convives qui nous ont honoré de leur présence.

Après avoir laissé place nette à Plougrescant, récupération in extremis de nos visas (n’accordez jamais votre confiance à des banglas), nous avons ; oh merveille ! ; pu prendre ensemble l’avion pour Dhaka City. Le voyage fut long et rude, prémices de notre expatriation.

Nous fumes, fulminants, au contact de gosses Bangladais, mal élevés, cela va de soit, criant, hurlant, trépignant pendant les 12 heures du voyage. En fait, il n’y avait qu’une petite fille de trois ans. Mais ça suffisait. Voulait pas se tenir tranquille la mioche…

Nous atterrîmes donc de nuit et regagnâmes avec plaisir notre luxueux pied à terre. Après une journée de repos bien méritée, nous avons immédiatement repris nos fonctions respectives…

Il est vrais, lecteurs, que vous n’êtres pas tous au courant, mais il semble que j’ai bel et bien trouvé un nouveau métier. Alors qu’Alice produit des étiquettes pour le textile, me voilà désormais dans la même branche : manager du contrôle qualité dans un bureau d’achat.

Si vous ne le savez pas encore, laissez moi vous dire que le secteur du textile pourvoit des métiers ingrats, chronophages et extrêmement stressants.

En quelques mots, la tâche qui m’incombe est d’assurer le suivi en ligne de la production chez nos différentes usines partenaires, gérer les contrôleurs qualité de la boite ; des banglas qu’il faut surveiller de près et les dispatcher dans les dites usines, faire des inspections finales (Voyager d’usine en usine pour aller regarder des pulls sous toutes les coutures afin de déterminer si ou peut ou pas les envoyer sans risquer de froisser l’acheteur).

Les producteurs de fil, usines, bureaux d’achat et le client final (la grande distribution, of course) se mangent chacun leur marge sur le dos les uns les autres.
Autant vous dire que le côté humain et éthique et pour ainsi dire absent de ce métier.

Un aspect très intéressant de la culture asiatique est le rapport à la hiérarchie. Encore marqués par le système Indien des castes, les bangladais sont ce qu’on appelle communément chez nous de véritable suce-boules (lèche cul si vous préférez) envers leurs supérieur. De l’autre côté, les supérieurs ignorent magnifiquement les petites mains qui leur cirent les pompes toute la journée. Lorsqu’on est blanc, on appartient naturellement à la race des boss. Il s’agit donc d’arriver à prendre un air à la fois important, dégagé et dédaigneux, ce qui n’est pas chose facile lorsqu’on a appris que tout le monde est égal devant dieu et que les hommes sont tous des frères. C’est encore plus dur lorsqu’on est profondément gentil, et que le portier s’y connaît plus en pulls que vous. Sourire, se montrer prévenant et attentionné, surtout envers les ouvriers et une marque de faiblesse et de bêtise.

Ainsi donc, je m’applique à passer d’usine en usine avec un air connaisseur, et à refouler mon bon caractère. En tant que boss, Alice a très bien compris que c’est en haussant le ton que les ordres passaient le mieux, et laissez-moi vous dire qu’elle acquiert à une vitesse grand V les compétences managériales locales. (D’ailleurs, je trouve qu’elle devrait être augmentée).

Alors qu’il y a une dizaine d’année au début de l’activité textile, le Bangladesh était un véritable Eldorado, les conditions se durcissent, notamment en ce moment où l’industrie connaît une pénurie d’ouvriers (ils se mettent tous en vacances) et où le prix du pétrole (et donc du fil) augmente…
Ceci dit, je pense que l’industrie textile a encore des jours heureux devant elle au Bangladesh…

Sur ce, bonsoir et à bientôt !

Maxal Bangladesh ltd